A l’origine, c’était un immense champ de chanvre (en provençal, on disait « canebe ») qu’on appelait « Plan Fourmiguier », au Xème siècle. La plante servait à fabriquer des cordages, pour les bateaux et des élingues (cordages servant à soulever les fardeaux ou à mettre les canots à l’eau, quand ils étaient garnis de crochets). Marseille, à l’époque, était connue comme le plus grand comptoir de chanvre au monde. La ville était destinée à prospérer, car le Comte de Provence, Charles II, décida, en 1296, la création de chantiers navals, et plus tard, au XVIIème siècle, Louis XIV agrandit les chantiers, en créant l’Arsenal des Galères, sur le Plan Fourmiguier.
On parle de « Cannebière » (avec 2 nn), dès 1671, après la construction des premières maisons. Vers 1727, on voit apparaître les premiers arbres, quelques marchés aux fruits et légumes, mais aussi, un pilori (poteau avec une plateforme où l’on attachait les gens condamnés à être exposés au public). Quelques années plus tard, apparaissent des immeubles. Et lorsque, vers la fin du XVIIIème siècle, l’Arsenal désaffecté est transféré à Toulon, la Canebière s’étire, jusqu’au Vieux Port.
Sous la IIIème République (élaborée entre 1870 et 1879), elle devient un symbole d’élégance, le lieu des hôtels chics, des grands magasins, des cafés à la mode. On constate que des guinguettes fleurissent dans les allées de Meilhan (elles vont du Bd Garibaldi à l’église actuelle des Réformés). Plus tard, on s’y rend également pour aller aux spectacles (Odéon, Cinéac, Pathé, Capitole). On s’y promène, au son de la musique du Kiosque. On se presse dans les Foires (foire aux herbes où l’on vend de l’ail ou des tarraillettes…). La Rue Beauvau, construite sur les terrains de l’Arsenal des Galères, voit naître l’Hôtel Beauvau, n°4, hôtel luxueux avec vue sur le Vieux Port, qui a accueilli bien des personnalités telles que Lamartine, George Sand, ou Frédéric Chopin…
En 1854, on consacre la construction du Palais de la Bourse (la Chambre de Commerce) où s’installent les marchands qui, jusque là, siégeaient à la Maison de Ville devenue ensuite l’Hôtel de Ville. Alors, Marseille est une ville prospère où se multiplient les belles bâtisses, tel l’Hôtel du Louvre et de la Paix, n°53, remarquable avec ses quatre Cariatides (statues de femmes). Aujourd’hui classé monument historique (la façade existe encore/ à l’intérieur, l’escalier et deux salons ont été conservés).
De 1941 à 1977, il abrite La Marine Nationale et depuis 1984, l’Hôtel a été transformé en un grand magasin moderne d’habillement, « C&A ».
Une construction importante, dans les années suivantes, est celle de l’Eglise des Réformés (1868). Ainsi nommée car elle prit la place d’une chapelle, bâtie en 1611, occupée par les Augustins Réformés.
Entre les années 1865 et 1979, on aurait pu admirer le luxueux Hôtel Noailles conçu par l’architecte Bérengier. Mais aujourd’hui il est entièrement restructuré (seules les façades ont été conservées), pour abriter un grand Commissariat. En 1896, les frères Lumières y présentèrent leur premier film « Entrée en gare de la Ciotat »
Un bataillon de Marins pompiers a été créé, en 1939, à la suite d’un terrible incendie survenu aux Nouvelles Galeries de l’époque (73 morts).
La fameuse Foire aux Santons de la période de Noël a débuté en 1883. Actuellement, elle se fait toujours sur la Canebière, mais sur la place du Général De Gaulle.
Depuis 2007, la Canebière est desservie par un superbe Tramway moderne et bien entretenu (trois trajets : Les Caillols - Gare de Noailles / La Blancarde – Arenc - Le Silo / Place Castellane – Arenc - Le Silo). Des prolongements sont prévus, pour 2023, dans diverses directions de la ville.
Dans le domaine culturel, côté spectacles, les marseillais regrettent la disparition du grand Cinéma UGC Capitole, 138 la Canebière. A l’origine, ce fut un Music Hall de 2000 places (dès 1926). Il devint un cinéma de 8 salles, sur trois niveaux, en 1976. C’était alors le plus moderne de France. IL fut fermé, en 2007, pour devenir, en 2014, une résidence hôtelière et étudiante « Odalys ».
Les Variétés, n°37 de la rue Vincent Scotto, à l’angle de la Canebière, cinéma d’Art et d’Essais, offre des films de choix et/ou en V.O. Dans un futur très proche, un grand complexe cinématographique devrait voir le jour, en haut de la Canebière, à la place de la Mairie des 1er-7e arrdt. place Léon Blum, porté par la société parisienne Artplexe et le Conseil Municipal (7 salles, lieux de restauration, un pôle culturel… /fin de l’étude, à l’issue de l’an 2015).
Le Théâtre de l’Odéon, au 162 la Canebière, fut créé en 1928. Il présente des spectacles de grande qualité. Autour des années 1950, les représentations se diversifient (revues, opérettes, music hall, cinéma). Actuellement, c’est le Théâtre Municipal de Marseille ; il présente des opérettes et des pièces de théâtre. La saison 2015-2016 est très prometteuse, car l’Odéon fusionne avec l’Opéra, dans ses programmes. Il offre une série « Découvertes », des moments « 1h avec », des spectacles pour jeune public dont une coproduction avec l’opéra d’Avignon (un ballet pour enfants: « Peter Pan », et un conte musical : « Douce et Barbe Bleue »).
Le Théâtre du Gymnase, bien que situé dan la rue du Théâtre Français, n°4, peut être considéré comme faisant partie de la Canebière. Construit en 1804, lorsque la ville s’éveille au théâtre, 17 ans après l’apparition du Grand Théâtre (Opéra de Marseille), on y joue des vaudevilles, des comédies, des mélodrames ou des pièces provençales. Par la suite, sous le Second Empire, puis au XXème siècle, il acquiert plus d’importance. De très grands acteurs ou chanteurs s’y sont produits (Louis Jouvet, Jean Weber, Jacques Brel, Reda Caire, Charles Aznavour…). La saison 2015-2016 débutera par de très intéressants spectacles (« Sound of Music », les 24 et 25 septembre 2015/ » Le Malade Imaginaire », du 13 au 26 octobre 2015).
Un lieu incontournable et très important : La Faculté de Droit et de Science Politique, au n°110, avec ses 10.000 étudiants, reconnue par les professionnels et les chercheurs (études dans les domaines de la santé, des nouvelles technologies, de l’orientation professionnelle / 56 spécialités de masters…)
Dans un domaine plus littéraire, il ne faut pas quitter la Canebière sans être entré dans la plus ancienne librairie en activité, la Librairie Maupetit, n° 142, reprise en 1998 par les Actes Sud. Elle offre, sur une surface de 850 m2, un immense choix de livres. Une salle est consacrée aux rencontres et débats.
Si vous entrez dans l’Espace Culture, n° 42, vous pourrez vous documenter sur les multiples spectacles présentés dans Marseille et sa région.
Allez chercher des informations, dans la Cité des Associations, n°93, en plein cœur de l’artère principale de la ville ; elle abrite le Syndicat d’Initiative de la ville de Marseille, mais c’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges culturels. Dans la Maison de la Région, n° 61, sont également organisés des conférences, des événements culturels, des manifestations gratuites…).
Allez siroter un café succulent à la Torréfaction Noailles, n°56, ou goûter les irrésistibles chocolats et gâteaux, à « La Cure Gourmande », n°19 (artisan sucrecuitier), ou encore « una bella pizza » Chez Noël, n°174, près de l’Eglise des Réformés. Entrez Chez Picone, n°120 ; ce restaurant chaleureux et magnifiquement décoré de fresques évoquant Marseille fut créé en 1971. Allez déguster les fruits de mer, chez Toinou (n°3, Cours Saint Louis/angle Canebière/ ouvert 7j/7J). Vous ne pourrez entrer au Bellagio, n° 16, sans désirer savourer quelque plat bien préparé, une crêpe, une viennoiserie ou une glace. Quelques mètres plus bas, la Boutique du Glacier vous attend (angle Canebière/ place Général De Gaulle), avant votre départ pour une promenade en mer…