Son histoire commence tout simplement, en 1214, au sommet de ce piton calcaire, à 162 mètres au dessus du niveau de la mer, le jour où le prêtre Maître Pierre se fit offrir, par l’Abbé de l’Abbaye Saint Victor, un petit terrain, là-haut, pour y cultiver son jardin et créer un vignoble. Il y bâtit aussi une petite chapelle dédiée à la Vierge Marie.
Les habitants de la cité et particulièrement les pêcheurs, qui avaient coutume d’aller porter des ex-voto à Notre Dame du Mont, commencèrent, bientôt, à venir se recueillir à la Chapelle de la Garde (ainsi nommée à cause de sa position dominante).
Par la suite, elle devint une église catholique romaine (au 15ème siècle).
Plus tard, vers 1531, François Ier, en lutte contre Charles Quint, comprenant l’intérêt de la position stratégique du lieu et le manque de protections de la ville, fit construire un fort, sur l’île du Château d’If et un autre de forme triangulaire englobant l’église, sur son rocher de la Garde. Le grand roi a marqué son passage par une signature : sur le porche nord, se trouve un écusson à ses armoiries (trois fleurs de lys et la salamandre).
L’ensemble architectural, de par sa position, devint un lieu permanent de convoitise, jusqu’à la dernière guerre mondiale. Les allemands y avaient fait construire des bunkers, pendant leur occupation. Il fallut dix jours aux combattants, entre le 15 et le 25 août 1944, pour libérer « la Bonne Mère » si chère aux marseillais. Ce furent les fantassins et les tirailleurs algériens du 7e RTA ainsi que les divisions blindées du général de Monsabert qui eurent raison de l’ennemi. Le char Jeanne d’Arc (visible sur place), dont les trois occupants furent tués, reste le symbole de cette terrible bataille ainsi, tout comme les impacts de balles laissés, volontairement, sur les murs de la Basilique.
Depuis 1864, Notre Dame de la Garde offre une construction de style romano-byzantin due à l’architecte Henri Espérandieu. Elle est visible de tous les coins de la ville, protégée par les 13 mètres de la muraille ; la statue haute de 11,2 m est posée sur un clocheton de 12,50 m.
La Vierge et l’Enfant, en bronze doré à la feuille, ont été récemment restaurés (entre 2001 et 2008)- fruit du travail de Lequesne et de la Maison Christofle.
Au centre de son piédestal cylindrique, un noyau en fer, en forme de vis, permet d’accéder aux yeux de la statue (mais seules les personnes autorisées ont ce privilège).
En 1845, la cloche fut remplacée par un Bourdon de 8 234 kg qu’il fallut tirer à l’aide de 26 chevaux et de cabestans ; l’ascension ne dura pas moins de deux jours. Il fut béni par Monseigneur Mazenod et on le baptisa « Marie Joséphine ».
La Basilique présente une église basse, avec sa Crypte et une église haute, le Sanctuaire. Elle est remarquable, avec ses murs en pierres vertes de Florence s’intercalant avec les calcaires blancs de Calissane, le grès rose des Vosges, ou le granit rose de Corse. A L’intérieur, c’est un véritable éblouissement de mosaïques réalisées par Henri Révoil qui a repris la construction de l’édifice, après la mort d’Henri Espérandieu (sur les voûtes, 12 millions de tesselles d’inspiration byzantine, fabriquées à Venise, représentent le Paradis). Des marbres polychromes, tapissent le sol et les murs. De multiples « ex-voto » couvrent les murs, témoignages de la ferveur de fidèles, de marins ayant survécu à des naufrages, de malades guéris… L’édifice ne fut consacré qu’en 1897, après la pose des portes massives, en bronze.
On ne peut quitter la Basilique sans parler du curieux Funiculaire, créé en 1892. C’était un ascenseur hydraulique qui assurait la navette entre le lieu sacré et sa gare terminus (emplacement rue Dragon actuelle). Deux cabines faisaient le va et vient grâce à un système ingénieux «à balance d’eau ». Chacune possédait un réservoir de 12 m3. Une pompe de 25 chevaux vapeurs permettait de remplir le réservoir descendant, pendant que l’autre se vidait, au moyen de la tuyauterie qui les reliait. Le jeu prit fin, en 1967, à la suite du développement du trafic automobile.
Ce lieu de culte et de pèlerinage est magnifiquement illustré au « Musée d’Art Sacré de Notre Dame de le Garde », ouvert au public, depuis le 18 juin 2013 (histoire et objets sacrés, vidéos…).