C’est le cœur historique de la ville qui, du 6ème av. J.-C. au 17ème siècle, était ceinturé de remparts, jusqu’à ce que Louis XIV ordonne l’extension de la ville.
Rues étroites anciennes, places, décors peints, façades colorées à la chaux occupent ici une place à part, au milieu du paysage urbain de Marseille. Jouons le jeu pour une immersion réelle dans une histoire riche et forte, en nous laissant conduire par le petit train blanc/bleu de Marseille, ou en partant à pied de la Mairie, pour arriver à ce village perché sur trois collines (buttes Saint-Laurent, des Moulins, des Carmes).
Nous empruntons la rue de la Prison, pour croiser La Maison Diamantée à la façade taillée en pointes de diamants (Palais Civil du 16ème siècle). Nous débouchons sur la rue Caisserie, la plus ancienne du Panier. Nous saluons l’Hôtel Daviel, avec ses panneaux « à la marguerite » (motif préféré des artisans du 18ème siècle), puis l’ancien Hôtel-Dieu, devenu Hôtel cinq étoiles, avec trois étages de galeries circulaires à arcades.
Nous poursuivons jusqu’ à l’Eglise Notre-Dame des Accoules, une des plus anciennes églises de Marseille (11ème siècle). Reconstruite deux fois (13ème et 19ème siècle), ce golgotha de pierre « en expiration de tous les crimes de la Révolution » en garde l’emplacement premier. Vient ensuite le Préau des Accoules, ancien collège des quatre langues où, au 17ème siècle, les Jésuites forment la jeunesse marseillaise aux langues orientales afin de les préparer au négoce. En 1701, sur décision de Louis XIV, il devient l’Observatoire Royal, aujourd’hui déplacé à Longchamp, par manque de place. Sur le bas côté, la Montée des Accoules est un autre moyen d’accéder au Panier. Elle a valu au quartier sa réputation de « village pour les chèvres » mais permet de parvenir à la Butte des Moulins où, fin 16ème, une quinzaine de moulins en fonction et quelques monuments du quartier avaient une position dominante. Il en reste le clocher à crochets épargné par la Révolution, l’église Saint-Laurent, le dôme de l’ancien Hospice de la Charité, les arcades de l’Hôtel-Dieu, la Tour du Couvent des Trinitaires (c’était là que les moines recevaient les chaînes des captifs auxquels le pardon avait été accordé).
Un voyage vivant où chaque nom de rue porte les stigmates de l’histoire. Rue Saint-Antoine, du nom de ces chevaliers qui, au début du 12ème siècle, soignaient le « mal des ardents » ou « mal de Saint-Antoine » provoqué par l’ergot de seigle (champignon parasite vénéneux). Rue du Refuge où la maison de la Fondation Saint-Joseph, en 1647, venait au secours des prostituées. Rue du Bon-Jésus, où les membres de la Chapelle de la Confrérie Jésus (1591) consolaient les condamnés à mort…
Un lieu antique de l’agora grec, (juste en dessous de la Place de Lenche), d’où les citoyens pouvaient surveiller les activités du port. La rue de l’Evêché nous mène à la Place des Treize Cantons d’où nous découvrons la coupole néo-byzantine de la Major. Nous remontons, sur la droite, la rue du Panier qui doit son nom au cabaret dont l’enseigne portait l’inscription « Logis du Panier », dès le 17ème siècle.
Un joyau d’architecture : la Vieille Charité (1671 à 1749)
Notre promenade se termine avec ce monument de génie, au plan déconcertant d’innovations, œuvre de Pierre Puget, qui évoque, dans sa conception baroque, l’ordonnance de certains palais italiens. Ce bâtiment hospitalier, destiné à recevoir mendiants et pauvres, périclitera à la fin de l’Ancien Régime (soit deux siècles avant la Révolution Française de 1789), pour devenir, aujourd’hui, un support stratégique de l’Art. Sa chapelle ovale, unique en France, entourée d’une multitude de galeries, accueille des expositions temporaires, plusieurs musées municipaux, un centre international de la poésie marseillaise, un lieu de restauration simple mais accueillant…
Après avoir été le quartier de la bourgeoisie marseillaise, le Panier devient au 17ième siècle, le vivier des pêcheurs et des navigateurs. Fin 19ième, il attire les napolitains, puis les corses. Après 20 ans de réhabilitation, le Panier est un havre de paix. Les restaurants vous y accueillent avec leurs banquettes extérieures où se côtoient intellectuels, artistes, artisans, réalisateurs (fiction télévisée de « Plus Belle la Vie », Borsalino de Jacques Deray, « L’immortel » de Richard Berry…), ou des écrivains (Georges Nguyen Van Loc dit « Le Chinois », Del Pappas, Carrese…) et tant d’autres.