Elle fait partie du Parc National des Calanques.
Cette île lointaine, à 12 kilomètres du rivage de la Pointe Rouge, n’est pas toujours très perceptible, à l’horizon, à cause de son éloignement et de la brume. Par temps de mistral, on aperçoit parfaitement la silhouette blanche et étroite du fanal (en pierre de Cassis /70m.). La construction qui le jouxte et l’esplanade se voient peu, car l’île est plane et basse (d’où son nom « Planier »/ architecte : Crillon et Arbus).
Ce lieu dangereux pour les navires, à cause de ses terribles récifs affleurant à la surface, commença à être signalé en 1326. Robert d’Anjou, roi de Sicile et de Jérusalem (la maison d’Anjou dirigea la Provence entre 1246 et 1481), demanda aux marins d’apporter 100 pierres, à chaque voyage, pour la construction d’une tour à feu. Ainsi, un fanal rudimentaire fut élevé, jusqu’à 12,50 mètres ; en son sommet, un feu de branches de pins et de charbon de terre était entretenu.
Une lanterne de 20 mètres prit sa place, en 1774, alimentée par 14 lampes à l’huile de colza.
En 1829, une tour plus haute vit le jour (58 m.). Son système révolutionnaire de 16 demi-lentilles optiques fut inventé par Augustin Fresnel (sa mort l’empêcha de voir le phare réalisé grâce à son invention et le concours de l’électricité). Il n’existait, en France, à cette époque, que deux phares de ce type. C’est ce qui, en 1944, poussa un certain officier allemand ingénieur, chargé des phares et balises en zone occupée, à sauver l’optique de Planier, quand il apprit que l’île allait être bombardée (et elle le fut). Après la Libération, on retrouva l’optique à Cucuron (sud de la France) où il avait été mis en sécurité. C’est lui qui brille fièrement de tous ses feux, du haut des 70 m de la tour actuelle.
Depuis 1959, les bateaux sont guidés par radio, mais l’entrée de la rade est toujours munie de son phare visible à 42 kilomètres avec ses éclats blancs jaillissant toutes les 5 secondes (le gardien fut détrôné par l’automatisation du phare, en 1992). Depuis 2004, le lieu est interdit d’accès, protégé par son statut de Monument Historique et un grillage de sécurité.
Cependant, l’endroit est le paradis des pêcheurs, des plongeurs et des photographes plongeurs qui se passionnent pour la faune abondante et grouillante évoluant au milieu des épaves, des récifs, à travers les failles, les cheminées, les grottes (langoustes, murènes, sars, congres, daurades…). Pouvoir se promener dans ces fonds marins est un privilège.
On peut y observer les épaves anciennes ou récentes de navires échoués : Le cargo italien, « le Dalton », repose par 15 et 30 m. de fond, recouvert de concrétions (il fut le théâtre des premiers films tournés par Cousteau et Dumas). Le « Chaouen », navire marocain transportant 640 tonnes d’oranges, y coula un jour de tempête, en 1970 ; il repose à une trentaine de mètres, bien conservé.
En 1944, l’avion « Messerschmitt BF 109 » de la Luftwaffe, piloté par Hans Farenberger, fut pris en chasse par un bombardier américain. L’appareil endommagé plongea dans la Méditerranée. Le pilote aurait pu y perdre la vie si son parachute ne s’était gonflé d’air et ne l’avait ramené à la surface, près de l’île de Planier. L’homme fut récupéré par une vedette de sauvetage allemande… L’incroyable histoire ne s’arrête pas là.
Un jour de l’année 1993, le rescapé fortuné, qui avait atteint les 73 ans, fut invité à venir en France, par Pierre Vogel (plongeur émérite et patron de la grande chaîne de magasins « Au Vieux Plongeur »), pour l’émission « Fantômes du monde sous-marin » diffusée sur FR3 Méditerranée. Le plongeur emmena Hans Farenberger à l’aplomb de l’épave de son avion et alla récupérer le mitrailleur du capot enfoui sous le sable, depuis tant d’années. Ce jour là, le vieil homme ne put réprimer son émotion… (Ce pilote exceptionnel et chanceux a pu, par cinq fois dans sa vie, se poser avec son avion en difficulté, sans l’aide du parachute. Il décéda, en 2009, à l’âge de 89 ans).
Cette île située à trois cents mètres de la côte, face à Malmousque et au Petit Nice, en bordure de la Corniche, est plutôt un îlot (3500m2). Elle fait partie de l’archipel d’Endoume. Louis XIV y fit construire un fortin, « le fort de Tourville » (du nom de l’Amiral d’Escadre du même), pour la défense de la côte marseillaise. Il ne fut terminé qu’en 1703. La date « 1813 » reste visible sur les murs d’une batterie et un boulet de canon est encore encastré dans les rochers, ce qui est la preuve que la construction défensive a bien servi. En 1890, Napoléon III la fit restaurer. Une grotte sous marine permettant d’accéder à l’intérieur du fort a été découverte.
Mais l’îlot est surtout connu sous le nom de « Degaby «. En effet, il fut racheté à l’armée par le riche industriel André Laval, en 1920, pour les beaux yeux de sa belle épouse Liane Degaby, chanteuse et meneuse de revue. De ce jour, l’endroit devint l’île de toutes les fêtes, pendant les « années folles ».
Puis, le site fut abandonné pendant plusieurs décennies… Le grand joailler Pascal Morabito l’occupa et le restaura, entre 1990 et 1995. L’île fut reprise, en 2001, par un promoteur immobilier. Le fort, luxueux et magnifiquement restauré, est devenu un lieu de réceptions et de tournages. De beaux mariages y sont célébrés, des séminaires organisés.
Les architectes Claire Fatosme et Christian Lefèvre ont imaginé la formule originale de la correspondance entre l’hôtel cinq étoiles C2 (73 cours Pierre Puget) et l’île. Les clients de l’hôtel qui le désirent y sont amenés en bateau, pour une journée détente. Pas de cuisine au fort mais un panier repas traiteur est apporté sur le lieu. La baignade est toujours possible, dans la petite calanque. Tout sport nautique peut être envisagé.
La cour d’accès (70m2) vous emmène à la salle de réception voûtée (180m2). Une vingtaine de chambres et un SPA sont à la disposition des bienvenus ; les terrasses extérieures, au rez-de-chaussée et en toiture, font respectivement 50 m2 et 267 m2. Cette dernière assure une vue à 360° sur toute la rade, y compris sur les îles du Château d’If et du Frioul, la Vierge de la Garde, la côte sud, la côte nord. La nuit, sous les illuminations, le panorama est féérique
Les hôtels Sofitel et Pullman Marseille Palm Beach sont partenaires de l’île.
Cette petite île de trois hectares, face à Malmousque et au Petit Nice (au début de la Corniche), fait partie de l’archipel du Frioul avec Pomègues, Ratonneau et Tiboulen du Frioul (surface totale 200 hectares).
François Ier comprit l’importance stratégique de cette île située au centre de la rade de Marseille et en fit une place forte (1527-1529) ; dans le même temps, il augmenta les fortifications de la Vierge de la Garde (en 1536). Le sud de la France, qui attisait en permanence la convoitise des envahisseurs, avait besoin de nouvelles et solides protections, pour la surveillance des côtes provençales et protéger les galères royales du Vieux Port.
Ainsi naquit le château défensif sur l’île d’If, entourée d’inaccessibles falaises de calcaire blanc abruptes. Trois tours massives (la plus haute mesure 22mètres), aux multiples bouches d’artillerie, protègent un bloc carré de 28 mètres de côté abritant une cours intérieure enjolivée d’un puits et présentant une architecture militaire, remarquable pour sa solidité et son esthétique. Des remparts crénelés ceinturent la forteresse.
En 1702, Vauban y fit construire la « Caserne Vauban », maison du gouverneur (garnie de tuiles rouges/ située près de l’entrée réservée aux visiteurs/ jusqu’en 1950, des gardiens y résidèrent, avec leur famille). Le phare, à la pointe sud de l’île, coiffé d’une lanterne rouge, attire le regard ; il remplace celui d’origine, détruit pendant les bombardements de l’été 1944. La nuit, deux éclats blancs lumineux, visibles jusqu’à 11 miles (environ 17 km), en jaillissent toutes les six secondes.
Des postes d’observation, des batteries, des tranchées sont visibles ; mais les réserves à poudre, le casernement et le moulin ont été arasés. La chapelle, qui avait été construite face à la Bonne Mère, a été englobée dans une enceinte de rehaussement, en l’an 1600, sous Henri IV (des fouilles ont permis d’en découvrir l’abside).
L’île, habitée par des oiseaux de mer tels que les goélands ou les avifaunes, garde un aspect sauvage. La flore très rase, à cause d’une faible pluviométrie, présente de très belles espèces protégées s’agrippant aux rochers ou à de minces couches de terre. Du haut des tours, le regard plane sur 360°pour embrasser toute l’étendue maritime, d’est en ouest, du sud au nord. Par temps de mistral, on distingue parfaitement le Phare de Planier.
Sur l’île, il est conseillé de profiter de l’une des plus belles terrasses de Marseille, au restaurant « Marseille en face » (cuisine simple, en plein air/ vue panoramique assurée).
Le Château d’If a surtout servi de prison pendant quatre siècles. Dans cette « Bastille des mers », forteresse d’état, l’hygiène déplorable laissait peu d’espérance de vie aux prisonniers. Les plus riches pouvaient monnayer une cellule avec fenêtre et cheminée. Mais, sous les tours, les cachots étaient de véritables tombes où un petit trou, clos par une solide grille, ne laissait entrer qu’un filet de lumière.
La révocation de l’Edit de Nantes (1685) qui mettait fin à la tolérance des protestants, emmena 3500 prisonniers au château. L’homme au masque de fer y aurait séjourné (mort en 1703 à la Bastille/ un inconnu/secret d’état). Sous la Révolution, Mirabeau y fut emprisonné pendant une année, à la demande de son propre père qui espérait ainsi le guérir de son libertinage. En 1848, cent vingts personnes y furent emprisonnées, après une émeute. À la chute du second Empire, en 1870, des partisans de Napoléon III y furent jetés. Certains prisonniers étaient enchaînés sur les galères, jusqu’à leur mort.
En 1926, le Château d’If fut classé Monument Historique. C’est l’un des plus visités dans la Cité Phocéenne (100 000 visiteurs par an). Moyennant 5,50€ (4,50€ le prix réduit) les navettes maritimes vous y emmènent en vint minutes, depuis le Vieux Port ; après la visite du château, vous pouvez reprendre le bateau, vers Pomègues et Ratonneau.
Ce que les touristes viennent rechercher, en ce lieu, c’est le mythe qu’Alexandre Dumas a fait naître avec son roman « Le Comte de Monte Cristo ». Ils viennent visiter les cachots de l’Abbé Faria et d’Edmond Dantès, comprendre concrètement leur relation intellectuelle secrète. Une exposition permanente donne d’amples informations sur ce thème, en complément à l’histoire du site et des constructions.
Le roman d’Alexandre Dumas fut connu dès 1844, sous forme de feuilleton. L’idée en était venue à l’auteur, à partir de faits réels. Ce chef-d’œuvre raconte qu’en 1815, sous le règne de Louis XVIII (roi de France et de Navarre et Comte de Provence), le marin Edmond Dantès est accusé à tort de bonapartisme, par des amis indignes, et d’avoir conspiré contre le régime en place. L’homme est arrêté et expédié au Château d’If. Là, il réussit à communiquer avec l’abbé Faria, prisonnier dans une cellule voisine. L’abbé transmet à son compagnon de misère toute sa science et ses connaissances, fait de lui un autre homme et lui révèle l’emplacement d’un trésor caché dans l’île de Montecristo (au sud de l’île d’Elbe, au large de la Toscane/Italie). Edmond Dantès réussit à s’évader et à récupérer le trésor. Dix-sept ans plus tard, le héros réapparaît là où il vécut dans sa première vie, sous le nom de « Comte de Monte Cristo », riche et méconnaissable, devant les traitres et Mercédès qu’il aurait dû épouser. Sa vengeance sera impitoyable…
L’histoire a inspiré de nombreux cinéastes, en France et dans le monde. En 1954, Robert Vernay l’illustra en choisissant deux superbes acteurs, Jean Marais et Lia Amanda. En 1961, Claude Autant-Lara mit en scène Louis Jourdan et Yvonne Furneaux. En 1998, Josée Dayan fit le choix du grand acteur Gérard Depardieu et de la sublime Ornella Muti ; ce chef-d’œuvre du genre reçut le « Sept d’Or », en 1999. Une magnifique adaptation du réalisateur Kevin Reynolds, « La vengeance de Monte Cristo » est sortie en avril 2002 (avec Jim Caviezel et Dagmara Dominczyk).
Ces îles de calcaire blanc écrasées de soleil et/ou battues par les vents, sont les plus grandes de l’archipel. Elles font partie, comme le Château d’If, du 7ème arrondissement de Marseille. À 7 km, au large de la ville, elles en constituent l’un des 111 quartiers, avec l’île d’If et Tiboulen. Elles mesurent respectivement 2,7 km et 2,5 km et sont reliées par la Digue Berry construite en 1821, sur ordre de Louis XVIII.
L’archipel du Frioul a toujours servi de base arrière pour la conquête de Marseille. Au VIème siècle av. J.C., les marins grecs avait fait un port dans l’anse naturelle de Pomègues. Plus tard, Jules César jeta l’ancre au large des îles et assiégea la Cité Phocéenne (en l’an 49 av. J.C. / César contre Pompée/ défaite des marseillais, après six mois de siège). Au XVème siècle, Alphonse V, roi du Portugal et plus tard au XVIème siècle, Charles Quint, Empereur Romain Germanique, y créèrent des bases militaires.
Selon la volonté de Louis XIV, Vauban, architecte militaire du roi, fit construire des fortifications, sur l’ensemble du site, pour compléter les défenses de l’Arsenal des Galères du Vieux Port.
Les forts actuels de ces deux îles furent construits entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème, sur les points culminants : ceux de Pomègues et Ratonneau, le fort de Brégantin à l’extrémité de Ratonneau ainsi que les batteries du Cap de Croix, au nord est. Les batteries du Cap Cavau se trouvent à la pointe sud de Pomègues. Le Sémaphore de cette dernière, construit en 1902, fut utilisé, pour sa fonction première, pendant 90 années. Aujourd’hui, il abrite la base logistique du Parc Maritime des îles du Frioul.
Pendant la dernière guerre, dès 1942, les allemands occupèrent les forts et firent des aménagements sur les batteries françaises. Ils eurent le temps de réaliser deux blockhaus (sept au total étaient prévus), avant les bombardements des alliés qui entraîna leur reddition, le 29 août 1944.
Mais la fonction de ces îles fut aussi humanitaire, car dès le début du XVIème siècle, on obligea les bateaux à rester en quarantaine, sur l’île de Pomègues, en prévision d’éventuelles contagions et surtout en cas d’épidémies (peste de 1720, en particulier). La digue Berry permit, en 1821, de réaliser un vaste port de quarantaine, le plus important, en Méditerranée.
On commença à parler du « Lazaret des îles » quand fut créé l’Hôpital Caroline, en 1828, sur un promontoire de Ratonneau ; on y enferma les malades atteints de fièvre jaune (maladie virale aiguë transmise par les singes et véhiculée par les moustiques). Sa chapelle remarquable fut bâtie dans un style néo-classique (aspect d’un temple grec). La construction fut utilisée jusqu’en 1941. En 1944, elle fut bombardée puis abandonnée ; depuis 1980, elle est inscrite au patrimoine des Monuments Historiques. Elle est restaurée par l’Association « Acta Vista » qui gère les chantiers de formation aux métiers du patrimoine (l’Association restaure aussi le Fort Nicolas). Ce monument magnifique est devenu un lieu culturel et social. Depuis l’an 2000, s’y produisent « Les nuits Caroline » et on peut le visiter durant les Journées du Patrimoine. Le festival MIMI est organisé par l’Association d’aide aux musiques innovatrices de La Belle de mai.
C’est en 1974 que l’archipel devint un des quartiers de Marseille, par la volonté de Monsieur Gaston Defferre, maire de la ville qui racheta le site à la Marine Nationale. Sur l’île de Ratonneau, autour du port de 600 places, est construit un village habité par quelques centaines de personnes, animé par des restaurants, quelques commerces, le centre de vacances Léo-Lagrange, une caserne de pompiers. Quelques plaisanciers vivent dans leur bateau. Mais l’inconvénient du mistral et la contrainte des horaires des bateaux semblent freiner certaines volontés. Pourtant des projets d’extension du port sont d’actualité.
Il est un point remarquable : le fort du Brégantin, sur l’île Ratonneau, appartient au grand designer Ora ïto (fils du célèbre joailler Pascal Morabito), parisien de fait, marseillais de cœur qui a déjà acquis la terrasse supérieure du Corbusier où il expose. Le fort restauré est en train de devenir un centre d’art contemporain et un hôtel ecodesign, avec la participation de Gérald Passédat (grand Chef Cuisinier du Petit Nice) et Roland Carta (auteur de grandes réalisations architecturales, à Marseille).
L’attrait de l’archipel est incontestable par le dépaysement qu’il offre au public, par ses multiples criques solitaires accessibles en bateau, certaines à pied. La plage de sable de Saint Estève, large et accueillante, est située entre l’hôpital Caroline et le Fort, mais nécessite un bon quart d’heure de marche, en partant du port.
Fréquemment, les plongeurs font des incursions pour admirer la faune et la flore sous-marine. Les plus expérimentés vont visiter le bombardier allemand « le Junker 88 », vestige de la seconde guerre mondiale qui repose, presque intact, par 50 mètres de fond ; on y distingue encore la croix allemande, sur le côté. Il fut découvert en 1989.
Quant à l’île de Pomègues, facile à reconnaître grâce à son immense antenne de la télévision, elle abrite la première ferme aquacole « bio » de la Méditerranée. Dans les cages flottantes sont élevés des bars et des daurades label bio, dans le plus strict respect du cahier des charges (individus pêchés en mer puis engraissés avec des farines et huiles de poissons ; traçabilité de l’alimentation…).
Dans un souci de conservation des milieux naturels, de la flore (13 espèces protégées) et de la faune, l’archipel est surveillé, depuis 2002, par le Parc Maritime de France.
C’est un ensemble d’îles alignées, face au massif de Marseilleveyre. On y trouve successivement d’ouest en est : Maïre, Riou, Jarre, Jarron, Plane et quelques îlots. La surface totale en est de 162 hectares. D’abord terrain militaire, ces terres sont devenues propriété du Conservatoire du Littoral, en1992. Depuis 2003, elles font partie de la Réserve Naturelle Nationale ; en 2012, elles furent intégrées au Parc National des Calanques, pour la préservation de tous nos précieux écosystèmes. Elles sont inhabitées ; l’accès en est interdit la nuit et réglementé le jour.
Iles de Maïre et Tiboulen de Maïre
Les deux îles sont situées au début du Massif des Calanques, face à la Baie des Singes, au passage des Croisettes, au bout du chemin traversant les Goudes. Elles sont incluses dans le 8ème arrondissement de Marseille.
La plus grande des deux est Maïre (1 km X 0,5 km/ alt. 138 m.). Sa position stratégique, à l’entrée maritime de Marseille, explique les multiples postes d’observation que l’on voit sur ce bloc de calcaire blanc où pousse une végétation rase. Au sommet se trouve même un blockhaus. Vous pouvez vous rendre sur l’île mais seulement avec autorisation, en vous inscrivant au CEEP (Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence Alpes Côte d’Azur), sous condition de bénévolat ; le travail consiste à contrôler les goélands et leurs œufs, afin d’éviter leur prolifération et à recenser la flore; privilège intéressant pour visiter l’île et admirer les Goudes et la Baie des Singes, de l’autre côté du passage ou voir de plus près les gros bateaux à destination de la Corse ou du Maghreb.
À l’extrémité est, surgissent deux Pharillons (ou Farillons = petits phares) que les plongeurs connaissent bien car ils sont très intéressants à explorer; sous l’eau, ils sont reliés entre eux en formant de belles arches tapissées d’anémones et de gorgones. Il est fréquent d’y voir les mérous, les sars et les poissons de roches. Les fonds marins offrent aussi des grottes de corail. On voit souvent des barques de pêcheurs sur les pourtours de l’île mais le passage des Croisettes (80 m.) peut être dangereux par gros temps, à cause des courants et des vagues qui s’y bousculent.
D’ailleurs, l’endroit est bien connu pour ses épaves de bateaux. L’une d’elles se trouve au pied des Pharillons, par 25 et 30 m de fond, « le Liban » (91m), coulé en 1903, à la suite d’une collision avec « l’Insulaire ». Alors que le premier se dirigeait vers Batia, le second rentrait à Marseille. Le commandant de ce dernier commit une erreur de pilotage et percuta le Liban dont le commandant ordonna le rapprochement vers la côte, au niveau des Pharillons. Le bateau et les passagers auraient pu être sauvés, sans l’explosion de la chaudière qui partagea le navire en deux. À cent mètres de la côte, de nombreuses personnes périrent, avant l’arrivée des secours, faute de n’avoir su nager. Le commandant de l’Insulaire fut condamné pour être rentré au port, sans porter secours aux naufragés.
L’épave du Liban, si près de la côte, est souvent visitée par les plongeurs. Elle est intéressante car elle est presque intacte et embellie par la flore (gorgones rouges, éponges multicolores, spirographes roses, anémones colorées) et la faune (homards, langoustes, loups ou saint pierre) qui l’habitent et l’entourent. Il est relativement facile d’y reconnaître différentes salles du paquebot.
L’île de Tiboulen de Maïre, est beaucoup plus petite (100 m de long et 49 m d’altitude). Sa curieuse silhouette lui a valu le surnom de l’île de la Tortue. Ce bout de rocher inhabité a joué son rôle, jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, à travers les éclats blancs de son sémaphore (116 m de haut).
Les abords de cette île sont bien connus des plongeurs, particulièrement derrière sa petite calanque où se trouvent un tunnel et une grotte de quelques mètres de long (partie est de l’île). Les fonds poissonneux voient évoluer les rascasses, les congres, les poulpes et même des langoustes, sous le regard attentif de ces animaux en forme de fleur, les anémones, accrochées aux rochers, mais toujours prêtes à saisir quelque proie, avec leurs tentacules.
Des fouilles archéologiques ont mis à jour des objets attestant que l’île était occupée déjà 5600 ans avant notre ère (époque du Néolithique/ coquillages, débris de poteries, meules, haches). Dans l’antiquité, elle fut habitée par des marins ligures, étrusques, grecs (entre -700 et -350). Vers l’an -50, on y pratiquait même la pêche au thon. Entre 1295 et 1695 la surveillance des côtes était assurée (vestiges d’un poste de vigie du XIII siècle et d’une citerne).
Dans une époque plus récente (à partir de 1860), l’île fut le siège de l’extraction du sable qui était utilisé pour les constructions marseillaises (on y voit encore les vestiges des toboggans des anciennes sablières, face à l’île Plane).
Désormais, le site est protégé de toute agression, grâce à la surveillance gérée par le Conservatoire du Littoral. Ce qui permet aux végétaux de se conserver et se multiplier (on y recense 230 espèces végétales dont les buissons de lentisques et les plantes halophiles (=qui aiment le sel). La faune y est également très abondante (lézards, cormorans huppés, goélands, océanites des tempêtes, puffins de Méditerranée, canards, rats, lapins, chauves-souris…).
Ce lieu impressionne par la variété de sa structure faite de falaises abruptes (point culminant 190m.), de gouffres, de nombreuses grottes, de calanques de sable comme la calanque de Riou, au débouché du col de la Culatte agrémentée de fonds marins couleur turquoise ou la calanque de Fontagne, au dessous de la cabane du Conservatoire du Littoral ou la calanque de galets de Monastério. Sur la côte opposée, face sud, la calanque des contrebandiers (de cigarettes) secrète, étroite, à l’abri des regards des gardes, s’enfonçant entre les impressionnantes falaises, fut très assidûment fréquentée jusqu’au milieu du XXème siècle. Aujourd’hui, c’est le paradis des plongeurs, par vent d’est.Le site est un haut lieu de l’archéologie sous-marine. En 1952, Cousteau retira de magnifiques amphores des deux épaves qu’il y découvrit ; elles sont allées grossir le stock du Musée des Docks de la ville. Les restes de l’avion P 38 de Saint Exupéry y furent découverts par Luc Vanrell.
On l’appelle également l’île Calseraigne qui signifie calanque sereine, à cause de son relief doux ; plane, recouverte de verdure, elle crée un contraste saisissant avec l’île de Riou si tourmentée. En son milieu, une calanque offre un abri sûr, quand le mistral est en furie. C’est aussi un endroit privilégié pour les plongeurs débutants ; les arches de Plane sont à -12 m. et attirent par leur beauté, la flore et la faune (spirographes roses et gorgones rouges, limaces vertes et jaunes…).
Mais le site a connu des heures sombres, quand il servait de purgatoire aux bateaux étrangers suspectés d’être infectés par des virus. Les cargaisons y étaient déposées, pour les faire aérer tandis que les bateaux étaient dirigés vers Pomègues, lieu de mise en quarantaine. D’autres, contaminés, étaient brûlés à l’île de Jarre.
Les îles de Jarre et Jarron
Les deux îles, peu étendues, sont comme deux sœurs inséparables ; un filet d’eau les sépare. Elles présentent une surface plane ; la plus petite, Jarron, est orientée sud-est, l’autre nord-ouest.
Le nom de Jarre est liée à celui du « Grand Saint Antoine », une flûte hollandaise (voilier trois mâts) qui apporta la peste, en 1720, responsable de la mort de la moitié de la population marseillaise ainsi que du quart de celle de la Provence. Le navire transportait des balles de toiles, des cotonnades, des soieries, en provenance de Syrie, le tout contaminé du bacille de la peste. L’imprudence et l’ignorance de l’administrateur de la ville (l’échevin) ont fait que la maladie s’est transmise comme une traînée de poudre. Le bateau fût emmené là, puis brûlé et coulé.
L’épave calcinée fut découverte en 1978, au nord de l’île ; ses vestiges archéologiques sont exposés à l’hôpital Caroline, sur l’île Ratonneau et l’ancre est conservée au Musée d’Histoire de Marseille (dans le Centre Bourse).
[L’épidémie était parvenue jusqu’à Apt, dans le Vaucluse, ce qui entraîna la construction du « Mur de la Peste ». Encore visible, cet ouvrage de 27 km de long, fait de grosses pierres sèches, est signalé d’une stèle de l’époque (à Lagnes, à l’est de l’Isle-sur-Sorgue, entre la Durance et le Mont Ventoux). Avec la protection naturelle de tous les fleuves environnants, il constituait une barrière supplémentaire. Des gardes vigilants empêchaient tout passage, pour éviter que la contagion ne s’étende davantage].