Symbiose entre la Nature, la Culture et la Tradition
A la croisée des chemins entre le Luberon, les Alpilles et les Calanques marseillaises, le pays d’Aix en Provence. Ce pays de cocagne rassemble toutes les cartes postales de la Provence : cyprès, vignes, oliviers, pins sont autant d’ingrédients d’une nature qui est presque devenue, aujourd’hui, un patrimoine universel.
L’identité de ce petit coin d’éden est marquée par une rencontre entre Nature, Culture et Tradition. Une recette originale déclinée par les 34 communes qui dessinent le pays d’Aix.
De la montagne Sainte Victoire si souvent peinte par Cézanne, le randonneur curieux traversera une nature calcaire et escarpée pour arriver à des paysages plus doux, miroirs de la campagne florentine. Mais les richesses architecturales et culturelles sont aussi l’apanage de cette cité envoutante.
Du Jas de Bouffan à l’atelier des Lauves en passant par le château de Cabriès, Cézanne, Mistral et Mélik ont exalté le charme de ce pays dans leurs œuvres…
La Sainte Victoire : une nef montagneuse et une muse naturelle
Ce massif, caractérisé par son aridité, dont la ligne de crête est surplombée par le pic des Mouches (1011 m), domine un grand site naturel composé de quatorze communes particulièrement sublimes comme Le Tholonet, Puyloubier, Saint-Anthonin sur Bayon… répertoriées dans « Le Grand Site Sainte-Victoire ».
Labellisé en 2004 et chargé de veiller au respect du milieu naturel et culturel. A l’origine appelée « Montagne de la Victoire » ce sont les chrétiens qui la sanctifient au Moyen-âge : « Sainte-Venture ». Peut-être ce nom provençal a-t-il été francisé par la suite ?
On y retrouve les chênes kermès et les pins d’Alep ainsi que les cultures des champs d’amandiers et d’oliviers, dont les huiles sont le nectar. Une croix haute de 19 m surplombe la chapelle de Notre-Dame de la Victoire et un prieuré du XVIIème siècle en cours de réfection. Vue splendide assurée…
A ses pieds, s’étend le château de Vauvenargues, acheté par Picasso, qui y a installé son atelier pendant 3ans (de 1959 à 1962) pour mieux peindre ce site et se rapprocher de ses compagnons artistes, de l’Estaque à la Sainte-Victoire. De même, 44 huiles et 43 aquarelles témoignent de la passion de Cézanne pour ce lieu si particulier : il y plante son chevalet, à proximité du chemin de la Marguerite, et y fait de fréquentes visites entre 1902 et 1906.
Quelques années plus tôt entre 1895 et 1904, il y a déjà peint 11 huiles et 16 aquarelles dans les carrières de Bibémus et les ocres provençaux.
Cézanne voulait mourir en peignant ce pays qu’il aimait tant ; vœu exaucé, puisqu’une syncope le foudroie le 15 octobre 1906 alors qu’il travaille sur une vue de la Sainte-Victoire.
Depuis 2007, l’office du tourisme d’Aix propose un circuit de balades sur les traces de l’artiste comprenant les visites du Jas de Bouffan, de l’atelier des Lauves ainsi que des carrières de Bibemus. Ce parcours tranquille se fait en une journée, les 3 sites étant assez proches.
Fondée en 132 avant J.C par les Romains, Aquae Sixtiae va conquérir leur cœur grâce à la richesse de ses sources thermales, particulièrement bien situées à mi-chemin entre l’Espagne et l’Italie. La cité devient au Moyen-Age le lieu de résidence des Comtes de Provence qui s’attachent à en développer le commerce et l’artisanat. Au milieu du XVème siècle, c’est le roi René qui y fait réaliser de nombreux travaux, jetant les bases du réseau d’urbanisme de la cité. Plus tard, après les troubles révolutionnaires, la ville va s’employer à approfondir sa vocation universitaire et architecturale ébauchée quelques siècles plus tôt.
Devenue une ville à l’architecture bourgeoise, elle abrite de splendides hôtels particuliers du XVIIème et du XVIIIème siècle. La place de la Rotonde et le cours Mirabeau tracés sur la ligne des anciens remparts offrent des écrins originaux aux multiples fontaines signatures de la ville et ravissements pour les visiteurs.
Avec son magnifique parc à la Française, la fondation Saint-John Perse exposition permanente des manuscrits du poète ainsi que le pavillon Vendôme (une folie héritière du Grand Siècle qui propose une riche collection de meubles, peintures, dessins) méritent également un détour.
Cézanne lui-même écrivit : « quand on est né là-bas, c’est foutu, rien ne vous dit plus ». C’est tout dire ! Cet enfant aixois quitta difficilement sa terre d’origine, de même que son « collègue » Zola, rencontré au collège et lui aussi séduit par sa douceur de vivre.
Les marchés du pays d’Aix se tiennent deux à trois fois par semaine, ils font resplendir bourgades et villages d’une animation et de couleurs pittoresques. Les parasols typiques protègent maraîchers et primeurs et attirent ménagères et restaurateurs dans des senteurs spécifiques de basilic et de romarin. Il ne faut pas chercher ailleurs l’origine des saveurs culinaires aixoises !
Une des spécialités du coin reste le calisson, délicieuse friandise à base d’amande, d’orange et de melon confit, posée sur une feuille d’hostie en forme de losange. Le calisson serait apparu vers 1473 lors du mariage du roi René. Il faut attendre plusieurs siècles pour que des fabriques se consacrent à sa production, car à l’époque la ville d’Aix n’est pas encore la capitale mondiale de l’amande.
De nos jours, 9 producteurs de calissons se distinguent par la qualité incontestée de leur travail et font perdurer une tradition vieille de 4 siècles.
L’implantation de la vigne Aixoise quant à elle doit tout au savoir-faire des Phocéens, fondateurs de Marseille qui apprendront aux provençaux l’art de tailler la vigne et de fabriquer le vin.
Cette tradition séculaire va connaître un essor sans précédent avec les Comtes de Provence et surtout au XVème siècle, avec le Roi René, surnommé à l’époque le Roy Vigneron, qui jettera les bases d’un vignoble provençal de qualité, exporté dans toutes les cours d’Europe. Malgré la destruction d’une partie de la vigne provoquée par l’épidémie de phylloxéra, en 1880 les vignerons du pays lutteront corps et âmes pour la survie et l’identité de leur vin.
Un décret du 24 décembre 1985 attribue au vin de la région l’Appellation d’Origine Contrôlée. Désormais, la réputation des coteaux d’Aix en Provence n’est plus à faire et sert de vitrine à un produit célèbre pour les amateurs du monde entier...